La nouvelle orthographe bouleversera les habitudes
Article paru dans le Journal de Québec et le Journal de Montréal, le mercredi 18 novembre 2009
Écrit pas Sébastien Ménard, Le Journal de Montréal
A compter de juin 2010, les élèves qui écriront « renouvèlement », « ognon », « bruler » ou « iglou » dans les examens du ministère ne seront plus pénalisés. Au risque de froisser des générations entières de parents qui ont appris à écrire le français autrement, Québec a décidé qu’il tolèrera désormais ce que les experts appellent « la nouvelle orthographe ».
« Les élèves ne seront pas pénalisés dans la mesure (où ces rectifications) seront inscrites dans les dictionnaires usuels », a confirmé hier la porte-parole du ministère de l’Éduction, Ahissia Ahua. Or, depuis un an, au moins deux ouvrages de références publiés par Larousse tiennent compte de ces modifications.
« Une note à cet effet sera ajoutée (…) dans les guides et grilles de correction des épreuves d’écriture de français de 4ème et 6ème années du primaire et de 2ème et 5ème années du secondaire de juin 2010 », précise Mme Ahua.
Il faut évoluer, insiste Chantal Contant.
Approuvée par l’Académie française depuis près de 20 ans, cette nouvelle façon d’écrire la langue a pourtant bien du mal à s’implanter au Québec.
« L’orthographe rectifiée », qui vise à « simplifier la langue » en supprimant notamment plusieurs accents circonflexes, consonnes doubles, traits d’union et « anomalies historiques », n’est pour l’instant réservée qu’à quelques rares publications, dont le bulletin hebdomadaire de l’Université de Montréal.
Les étudiants en enseignement ont beau être formés pour l’inculquer à leurs élèves, rien ne garantit qu’ils le font vraiment, affirme Chantal Contant, une experte des rectifications orthographiques.
« Ça varie beaucoup d’une école à l’autre », dit cette linguiste qui exerce à l.UQAM.
Grand temps
Mais il est grand temps que les profs acceptent ces changements, croit Chantal Contant.
« Si les coiffeuses et les mécaniciens évoluent, c’est juste normal que les enseignants se mettent à jour (et que) les parents évoluent », lance la spécialiste, qui a reçu le mandat de mettre à jour le guide de conjugaison Bescherelle, il y a quelques années.
« Ce qu’on vit, c’est juste une petit réformette (sic) par rapport aux vraies réformes qu’a déjà connue la langue », dit-elle.
L’experte est ravie
Chantal Contant est ravie que le ministère de l’Éducation ait décidé de tolérer la nouvelle orthographe dans les examens de fin d’année.
« Il y avait des écoles qui disaient ne pas être au courant (des modifications orthographiques), dit-elle. On a enfin le papier qui dit que c’est accepté », se réjouit l’experte. « C’est maintenant aux gens de s’initier en douceur, estime Chantal Contant. L’orthographe évolue pour le mieux. »
Voici quelques unes des rectifications orthographiques proposées.
Selon Chantal Contant, entre 2 500 et 3 000 mots seraient ainsi modifiés dans un dictionnaire usuel.
1. On élimine des traits d’union dans certains mots et on en fusionne d’autres :
bien-fondé bienfondé
statu quo statuquo
pare-choc parechoc
2. On élimine des accents circonflexes sur la plupart des « i » et des « u » :
boîte boite
brûler bruler
connaître connaitre
flûte flute
3. On ajoute des accents aigus sur certains mots empruntés :
Ancien Nouveau
pizzeria pizzéria
4. On retranche une consonne dans la conjugaison des verbes en –eler et en –eter, ainsi que dans les dérivés de ces verbes :
Ancien Nouveau
je renouvelle je renouvèle
renouvellement renouvèlement
5. Quelques familles de mots sont « harmonisées » :
Ancien Nouveau
boursoufler boursouffler
chariot charriot
combatif combattif
6. Quelques « anomalies » sont supprimées :
Ancien Nouveau
eczéma exéma
oignon ognon
nénuphar nénufar
quincaillier quincailler
7. D’autres mots changent à cause de recommandations générales qui visent à simplifier l’orthographe :
allô allo
acupuncture acuponcture
cacahuète cacahouète
fjord fiord
igloo iglou
shampooing shampoing
céleri cèleri
cannette canette
Commentaires personnels :
En général, je ne suis pas d’accord avec ces changements parce que,
De un :
- Si nous nous mettons ainsi à vouloir changer la façon d’écrire le français, cela risque de devenir de plus en plus complexe pour ceux qui ont toujours écrits les mots de la façon habituelle et normale jusqu’à maintenant.
Est-ce donc à dire que si je « renouvelle » au lieu de « renouvèler » mon permis de conduire, j’aurai désormais une faute de français?
De plus, je suis carrément contre ce changement du mot « renouveller » car il me fait penser au mot « vêler »! Et je n’ai vraiment pas l’intention de « vêler à nouveau » mon permis de conduire!
Et de deux :
- Nous avons déjà beaucoup de mal à faire respecter la langue française, tant au niveau oral qu’écrit et en modifiant ainsi l’orthographe de certains mots, nous risquons d’avoir de plus en plus de fautes dans d’autres mots qui devront être modifiés à leur tour pour les besoins de ceux qui ont déjà du mal à écrire un français correct!
Il y a quelque temps, un article de journal nous faisait mention que plus de 60% des étudiants en Enseignement de l’Université Laval avaient raté leurs examens de français écrit! Or, ce sont ces mêmes étudiants qui enseigneront le français à nos enfants et petits-enfants!
De plus, dans cet article, selon Mme Chantal Contant, ces modifications orthographiques ne sont qu’une « petite réformette ».
Or, il s’agit ici d’un pléonasme plus que vicieux à mon avis. Car, nous avons le mot « petite » plus « ette » qui exprime quelque chose de petit, indiquant ainsi une double « petitesse » de la réforme!
Sans compter que le mot « réformette », utilisé au sens péjoratif, est défini comme étant « une petite réforme sans importance ».
Pourtant, selon les dires de l’experte, il s’agirait plutôt d’une « bonne réforme assez importante » au niveau des modifications orthographiques.
Donc, j’en déduis que, même si Mme Contant est experte, linguiste et spécialiste des conjugaisons de verbes, elle manque peut-être un peu de discernement concernant ces modifications orthographiques.
Pour conclure, j’ajouterai que, selon moi, l’Académie Française ne joue plus correctement son rôle de protectrice de la langue française en permettant certaines modifications à la langue française. Mais cette opinion n’engage que moi!
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